Décès de Moustapha Safouan - Un hommage de Elie Doumit, Fondateur de l’Ecole Psychanalytique des Hauts de France
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la disparition de Moustapha Safouan. De mon estime et de ma sympathie pour Moustapha Safouan, comment en parler ? C’est vainement que nous prétendons maintenir dans nos paroles, ceux qui s’absentent.
J’ai rencontré Moustapha Safouan dans les années soixante-dix à l’EFP, à l’occasion de congrès et de séminaires.
J’ai pu alors apprécier la liberté d’une pensée non tributaire des clichés du moment et le courage de ce psychanalyste étranger, dont l’accent n’avait d’égal que ses interventions aussi bien vivantes qu’argumentées.
Moustapha Safouan s’est senti très tôt responsable dans l’introduction de la psychanalyse dans le monde arabe. Il a œuvré à ce projet par plusieurs traductions en arabe des textes de Freud, notamment La Science des rêves, et par sa participation à des congrès au Maroc et à Beyrouth, ce dernier organisé grâce aux soins de notre regretté collègue Adnan Houbballah dont on peut trouver les actes dans : Actes du premier congrès des psychanalystes de langue arabe, Palais de l’Unesco, mai 2004 Éditions Dar El-Farabi.
Je dois aussi souligner qu’il a été à l’origine du travail que j’ai pu développer au Maroc avec les psychanalystes de le Société Psychanalytique Marocaine.
Moustapha Safouan a répondu avec générosité aux invitations de École psychanalytique du Nord, où les lillois ont pu estimer l’étendue de son savoir, et la probité avec laquelle il exprimait son propos. J’ai constaté à cette occasion, au cours d’entretiens et de discussions plus personnelles, l’intérêt qu’il portait à l’histoire des sciences et au rapport entre science et psychanalyse, comme il l’a si clairement démontré dans son ouvrage Le Puits de la vérité.
Puissions-nous nous souvenir de Moustapha Safouan dans notre travail où son œuvre ne doit pas cesser de nous inspirer.
Lille, 11 novembre 2020.
Elie Doumit