HOMMAGE A CHARLES MELMAN

Chères et chers collègues,  C’est avec une grande tristesse que j’ai appris hier soir le décès de Charles Melman.  Il avait fondé, avec quelques autres collègues, l’association freudienne, qui devint internationale puis lacanienne. Il avait été à l’initiative de la création des écoles régionales et Elie Doumit avait fondé notre Ecole.  Son engagement dans la Cité aura été indéfectible et c’est ce choix qui m’avait amené à suivre son enseignement. Hors les murs du divan, une psychanalyse pouvait rendre compte des maux de la civilisation. Lecteur infatigable  de Lacan, il nous apprenait à dénouer les fils énigmatiques que ce dernier avait tressé à notre usage.  Il aura marqué notre Ecole d’un éclat de voix, pas tant incongru qu’actualisant nos dissensions.  Il m’aura laissé, quant à moi, une marque irréfragable : qu’au delà de toutes les divisions possibles et imaginables, de celles que l’on peut rencontrer quotidiennement, une voie était possible, d’une discrète fraternité, psychanalytique. De celle que Lacan avait pu appeler de ses vœux. J’adresse à sa famille nos plus sincères condoléances.    GUY VOISIN   Président de l’Ecole Psychanalytique des Hauts-de-France, membre de l’ALI.         Merci Guy pour cet hommage très personnel à Charles Melman dans……

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Ichrak Laoud

Même son décès était à l’image de notre rencontre : entre deux rives. Je lui ai fait mes adieux autéléphone à Paris et j’ai appris qu’il nous a quitté à mon arrivée à Rabat. Un de ses patientschagriné disait que j’ai eu le privilège de l’entendre une dernière fois juste avant que la mortl’emporte. Comment je pourrais parler d’un tel grand esprit qui ne cherchait pas les lumières etqui était un défenseur sans âme de la rigueur de la pensée et dans le travail ?J’ai connu Elie Doumit en Avril 2002 à Rabat en tant que psychologue en exercice libéral etdirectrice d’un centre pour enfant abandonnés désireuse de faire une analyse. Cette rencontre aeu lieu grâce au projet qu’avait mis en place la Société Psychanalytique Marocaine (SPM) quiconsistait à former des analystes marocains sur place par un analyste qui se déplaçait de laFrance à raison d’une fois par mois. Après deux années de travail avec lui au Maroc, j’ai puprendre une des décisions les plus ravageuses pour une femme arabe à savoir quitter mon paysd’origine pour m’installer à Paris célibataire à l’âge de 33 ans. Pendant la première année de monarrivée en France, j’ai arrêté mes séances pendant 6 mois……

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Hommage à Moustapha Safouan

Décès de Moustapha Safouan Un hommage de Elie Doumit Fondateur de l’Ecole Psychanalytique des Hauts de France  C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la disparition de Moustapha  Safouan. De mon estime et de ma sympathie pour Moustapha Safouan, comment en parler ? C’est vainement que nous prétendons maintenir dans nos paroles, ceux qui s’absentent. J’ai rencontré Moustapha Safouan dans les années soixante-dix à l’EFP, à l’occasion de congrès et de séminaires. J’ai pu alors apprécier la liberté d’une pensée non tributaire des clichés du moment et le courage de ce psychanalyste étranger, dont l’accent n’avait d’égal que ses interventions aussi bien vivantes qu’argumentées. Moustapha Safouan s’est senti très tôt responsable dans l’introduction de la psychanalyse dans le monde arabe. Il a œuvré à ce projet par plusieurs traductions en arabe des textes de Freud, notamment  La Science des rêves, et par sa participation à des congrès au Maroc et à Beyrouth, ce dernier organisé grâce aux soins de notre regretté collègue Adnan Houbballah dont on peut trouver les actes dans : Actes du premier congrès des psychanalystes de langue arabe, Palais de l’Unesco, mai 2004 Éditions Dar El-Farabi. Je dois aussi souligner qu’il a été à l’origine du travail que……

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Hommage à Jean-Marie Bedoret

  C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Marie Bedoret. Il avait rejoint les rangs de l’Ecole Psychanalytique du Nord, Pas-de-Calais et Somme dès sa création en répondant à l’appel d’ Elie Doumit, son fondateur, en1997. Associé aux travaux de notre Ecole, notamment par sa participation aux différents groupes du dunkerquois, (nous nous réunissions dans un petit bureau de son service d’alcoologie du Centre Hospitalier pendant la pause déjeuner) il avait rapidement conduit une réflexion sur l’art et la psychanalyse, gageant que cette ouverture vers un  « ailleurs, aidait à penser sa vie et éviter l’échouage ». Et il m’avait sollicité pour participer à ces échanges durant lesquels j’ai appris à partager mon travail. J’ai rencontré Jean-Marie pour la première fois dès mon arrivée à Dunkerque, en 1992, puisque nous travaillions dans le même service de protection judiciaire de l’enfance en danger. Il avait proposé de contribuer aux réflexions de groupes de « supervision », comme ils étaient appelés alors, groupes d’élaboration des pratiques socio-éducatives auprès des enfants et des adolescents et leur famille en déshérence : il professait volontiers que le travailleur social était le dernier maillon de cette chaîne qui retenait et reliait les individus au social. Il……

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Il était une fois…un enfant sans histoire ?

« L’enfant sans histoire » relève d’au moins deux sens différents qui peuvent se supplémenter : soit cet enfant n’aurait pas accès à son histoire, soit cet enfant ne ferait pas d’histoires. Ces enfants-là, qui ne sont pas forcément silencieux, se rencontrent essentiellement à un moment de leur évolution qualifié classiquement de « période de latence » – comme si leur vie psychique restait en pause dans l’attente de la crise pubertaire. C’est pourtant durant cette dite-latence que la narration va prendre tant de place dans leur imaginaire, traçant de multiples liaisons entre fictions et historisations, entre commun et sacré. Depuis Gutenberg cette appétence pour les histoires et leur répétition rituelle se matérialisait par la rencontre, plus ou moins aisée, avec l’écriture et le livre. A ce jour, la plongée dans l’espace narratif se passe aisément de la lettre, pour laisser place à « l’image-mouvement » contrôlable du bout des doigts, sans mot dire… ou presque. Qu’en est-il aujourd’hui de cette pseudo « latence » historique ? Comment se tisse et se détisse l’enfance de la psyché dans ses liens à ces histoires hors-texte ? Comment l’analyste travaille avec ces enfants en quête d’histoire et porteurs de lettres archivées ou……

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Madame, lettres d’une schizophrène à sa psy

LE MOT DE L’ÉDITEURMadame, ni demoiselle, ni amie, ni copine : femme. Une femme qui rassemble et réfléchit l’image d’une jeune fille puis jeune femme et mère, entière et construite dans sa structure originale, originelle, qui se reconstruit. Elle est lue, entendue, regardée comme sujet, non comme objet de soin ou d’étude. Une femme à la place d’une autre, petite dame ou grande dame qu’importe. Si la place est celle d’un Grand Autre, c’est une autre qui l’accompagne, l’écoute et lui répond. Pour Marion, La place n’est pas vide, et la rencontre se présentifie dans la distance infranchissable du Réel.Madame, ni amante ni maîtresse : une figure de l’amour courtois, que l’on emmène avec soi en croisade, une correspondante de guerre qui alimente les rêves et les fantasmes d’un amour impossible et interdit, qui protège et canalise les débordements d’un chevalier en campagne identitaire, serait-il Jeanne d’Arc ou Lucifer. Un amour qui précipite les formations de l’inconscient de l’Imaginaire.Madame, ni ordonnatrice, ni féministe, ni opportuniste, dans cette partie de trente ans, elle ouvre les voies du transfert, elle entre en jeu, le je du sujet qui déplace sur l’échiquier de sa vie, les cavaliers, les pions, les fous, représentants des……

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