« Passer son cerveau à l’autocontrôle » Le Monde du 10 février 2016
Qu’est-ce que le neurofeedback ? Le principe du neurofeedback est d’apprendre un individu à moduler son activité cérébrale et à modifier son comportement en fonction des informations reçues, le plus souvent sous forme visuelle ou auditive. L’IRM fonctionnelle en temps réel et la numérisation permet une approche plus précise et mesurable de l’arc stimulus- réponse au niveau de l’interface cerveau-machine. Le professeur Renaud Jardri chercheur au CHU de Lille déclare au Monde : « Actuellement nous cherchons à détecter les prémices des hallucinations afin d’aider les patients à mettre en place des stratégies particulières pour les éviter. » Selon lui, « cette psychothérapie guidée par imagerie serait utile pour traiter d’autres symptômes subjectifs : les pensées intrusives, les troubles obsessionnels compulsifs, les reviviscences de traumatismes anciens mais aussi dans le cadre du bien être : les performances sportives ou intellectuelles, insomnie, anxiété… » L’industrie s’empare du concept. L’équipement automatisé peut être acheté ou loué par des particuliers (6500 à 10500 € selon le modèle) proposant une technique et un appareil non validé par la science !
La lobotomie d’intellectuels au discours dit scientifique.
Aurions-nous perdu tout sens critique ? Que devient notre capacité à se souvenir des expériences malheureuses du passé, à se projeter dans un avenir conditionné comme l’air que nous respirons. Le conditionnement est la conséquence du post-modernisme qui mesure, évalue, normalise, formalise, standardise. Voici « l’Homme conditionné » animal pavlovien répondant au sifflet ou à la trompette (rien de nouveau malgré la sophistication de l’IRM en temps « réel ») objet à ranger dans les cases et les colonnes du DCM de la grande consommation psycho-ce-que-vous-voudrez, mise en tête de gondole, n’en rions pas. Il est des déchéances humaines que l’on ne prononce pas, des états d’urgence qui ne s’avouent pas, les chercheurs tentent de nous mettre en condition dans le secret des laboratoires. L’urgence est d’affirmer avec force notre appartenance à l’humanité parlante. Dès l’ESQUISSE le langage construisant le Moi s’introduit au centre de l’arc reflexe pour distinguer la perception véritable de l’hallucination. On pouvait croire que « MÉTROPOLIS » était le fait d’un expressionisme prophétique mais révolu, que la saison des « ORANGE MÉCANIQUE » était une fable délirante surannée. Nous voici en plein néo-néo-réalisme en ‘’vélib’’. Il attend, pour remplacer Vittorio. De Sica, un Tarentino ou un Moretti pour montrer et dire avec les psychanalystes que l’homme ne peut et ne doit jamais être réduit à un objet comportemental qui servirait au bout du film les totalitarismes qui nous menacent avec tant d’insistance.
Philippe COLLINET le 11 février 2016