Caspar David Friederich, Der Mönch am Meer, 1810,© Alte nationale galerie, Berlin
Au-delà des figures de l’autre
Une relation à l’autre moins barbare est-elle possible ?
VENDREDI 10 Novembre 2017 : ouverture des journées : 20H30
SAMEDI 11 Novembre 2017 : accueil à 9H00 – 18H30
DIMANCHE 12 Novembre 2017 : 9H00 – 16HOO
Dès 1921 Freud écrivait : « […] la masse ne peut être agitée que par des mots d’ordres excessifs. Quiconque voudra agir sur elle, n’aura besoin d’aucun argument logique. Il devra utiliser des images fortes, en exagérant et en répétant toujours la même chose. » Quotidiennement bombardés par des mots d’ordres et des images fortes, notre premier mouvement est de se rallier à l’opinion commune, de s’y identifier, de choisir l’un, d’exclure l’autre. Face à l’opinion qui conduit à l’affrontement Freud indique que notre seul recours est un travail sur la logique.
La logique binaire, dénoncée par Freud, n’est pas suffisante pour rendre compte de toutes les dimensions de l’autre. Les formations de l’inconscient (lapsus, mots d’esprit, actes manqués, rêves…) témoignent du fait que quand je parle je dis, en même temps, autre chose : qu’il y a de l’autre qui parle. La parole subvertit cette logique à deux en y introduisant une troisième dimension, un lieu Autre auquel je m’adresse. N’est-ce pas là quotidiennement mon principal interlocuteur ? En écrivant ce lieu d’adresse avec un grand A, Lacan le distingue structurellement de l’autre, des autres. Ce déplacement introduit par la parole constitue alors un déplacement logique. Il nous fait passer d’une logique binaire, moi et l’autre, à une logique ternaire. Ainsi depuis Freud, l’adéquation avec moi-même, entre moi et l’autre est démontrée impossible du seul fait de la structure du langage. Là est la raison de nos impasses comme de nos illusions, de nos ratages subjectifs comme de nos ratages dans les liens sociaux.
Néanmoins, il n’y a pas qu’une façon d’habiter cette structure qui nous constitue, de nous arranger de cet impossible auquel les époques et les cultures ont donné des lectures différentes. À la méconnaître pour se défendre de l’altérité, notre époque réduit l’Autre à l’étranger, rejette le dissemblable. Cette opération a toujours précédé le retour de la barbarie. La prise en compte des apports de Freud et de Lacan permettrait-elle de trouver d’autres voies que celles des passions identitaires ? Au cours de ces journées, la question que nous tenterons de mettre au travail sera de savoir si des lectures contemporaines peuvent venir déplacer cette dimension de l’impossible, la présenter avec des coordonnées différentes. Il ne serait pas inutile pour notre vivre ensemble de repérer les passes et les impasses de ces coordonnées pour le sujet comme pour le lien social.
TNP, théâtre national populaire, Villeurbanne
8 Place du Dr Lazare Goujon, 69100 Villeurbanne