Il était une fois… un enfant sans histoire ?
« L’enfant sans histoire » relève d’au moins deux sens différents qui peuvent se supplémenter : soit cet enfant n’aurait pas accès à son histoire, soit cet enfant ne ferait pas d’histoires. Ces enfants-là, qui ne sont pas forcément silencieux, se rencontrent essentiellement à un moment de leur évolution qualifié classiquement de « période de latence » – comme si leur vie psychique restait en pause dans l’attente de la crise pubertaire. C’est pourtant durant cette dite-latence que la narration va prendre tant de place dans leur imaginaire, traçant de multiples liaisons entre fictions et historisations, entre commun et sacré. Depuis Gutenberg cette appétence pour les histoires et leur répétition rituelle se matérialisait par la rencontre, plus ou moins aisée, avec l’écriture et le livre. A ce jour, la plongée dans l’espace narratif se passe aisément de la lettre, pour laisser place à « l’image-mouvement » contrôlable du bout des doigts, sans mot dire… ou presque.
Qu’en est-il aujourd’hui de cette pseudo « latence » historique ? Comment se tisse et se détisse l’enfance de la psyché dans ses liens à ces histoires hors-texte ? Comment l’analyste travaille avec ces enfants en quête d’histoire et porteurs de lettres archivées ou engrammées comme illisibles ?