Décès de M. Élie DOUMIT

Lisboa, août 2019
M. Élie Doumit, né le 13 août 1936 à Knaitt au Liban, est décédé ce lundi 29 mars 2021 à Lille. Élève de Lacan, il suivit son séminaire, et membre de l’Association Lacanienne International, M. Doumit exerçait la psychanalyse à Lille, Rabat et Casablanca.
En 1997, M. Doumit fonde l’Ecole Psychanalytique du Nord, devenue École Psychanalytique des Hauts de France-membre de l’ALI.
Titulaire d’un doctorat de philosophie des sciences, M. Doumit a enseigné l’épistémologie et la psychanalyse à l’Université Charles De Gaulle à Lille.
M. Doumit a fait paraître récemment deux livres aux EME Éditions : « Lacan ou le pas de Freud. Mythes et mathèmes » en 2017 et « Le réel en psychanalyse. Entre épreuve et preuve » en 2019.
M. Doumit a joué un rôle essentiel dans la formation et la diffusion de la psychanalyse dans notre région, ainsi qu’au Maroc et au Liban.
IN MEMORIAM
Philippe Collinet : Élie Doumit était un Enseigneur. Il jonglait et faisait tourner les quatre discours dans un dire qui n’appartenait qu’à lui et qui nous laissait sidérés ou ébahis.Rattrapée par le Réel du grand Autre, sa voix reste inoubliable.Sympathie avec ceux qui l’ont approché du plus loin au plus intime.
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HOMMAGES A CHARLES MELMAN
Chères et chers collègues,
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris hier soir le décès de Charles Melman.
Il avait fondé, avec quelques autres collègues, l’Association freudienne, qui devint internationale puis lacanienne. Il avait été à l’initiative de la création des écoles régionales et Elie Doumit avait fondé notre Ecole.
Son engagement dans la Cité aura été indéfectible et c’est ce choix qui m’avait amené à suivre son enseignement. Hors les murs du divan, une psychanalyse pouvait rendre compte des maux de la civilisation. Lecteur infatigable de Lacan, il nous apprenait à dénouer les fils énigmatiques que ce dernier avait tressé à notre usage.
Il aura marqué notre Ecole d’un éclat de voix, pas tant incongru qu’actualisant nos dissensions.
Il m’aura laissé, quant à moi, une marque irréfragable : qu’au-delà de toutes les divisions possibles et imaginables, de celles que l’on peut rencontrer quotidiennement, une voie était possible, d’une discrète fraternité, psychanalytique. De celle que Lacan avait pu appeler de ses voeux.
J’adresse à sa famille nos plus sincères condoléances.
Guy Voisin,
Président de l’Ecole Psychanalytique des Hauts-de-France, membre de l’ALI.
HOMMAGE À CHARLES MELMAN
Après Sigmund Freud et Jacques Lacan, Charles Melman est de la lignée des médecins neuropsychiatres psychanalystes cliniciens qui considèrent la psychanalyse comme la sœur aînée de la médecine où l’on dépose les doléances du corps et de l’esprit réunis quand le lieu de l’Autre vient à manquer. Charles Melman faisait corps avec la médecine, la psychanalyse, sa pratique, son enseignement, son école, sa présence d’esprit y était incomparable.
L’Homme sans gravité, sa nouvelle économie psychique, témoigne d’une lucidité pénétrante dans la description de l’homme postmoderne sans limites à la jouissance. La dysphorie de genre nous alerte devant les dérives anthropologiques qui compromettent aujourd’hui les attributs du genre humain. Aux progressistes scientistes qui nous promettent un monde sans limites où tout est possible, il répète que la saturation des objets de la demande ne saurait combler le manque de l’objet du désir : « C’est une illusion de pouvoir espérer réaliser une jouissance qui serait un peu plus satisfaisante que celle que nous offre la différence des sexes et l’identité sexuelle toujours conflictuelle.»
L’une de ses dernières préoccupations était « Le symptôme de Lacan ?» Au cours de cet ultime séminaire, c’est le symptôme du psychanalyste qu’il interroge, le sien et le nôtre, nos inhibitions et nos angoisses face au réel de l’objet insaisissable. Il ne cède rien aux concepts de la psychanalyse ni au désir de l’analyste.
Merci Charles Melman.
Avec tous ceux qui l’ont aimé, suivi, croisé, accompagné, ou simplement écouté, je partage la peine.
Philippe Collinet
Il est des êtres que l’on imagine immortels – avec cette part de déni teintée d’idéalité.Défier le temps, c’est feindre d’ignorer la pulsion de mort qui toujours guette.
Merci Charles MELMAN pour ces années sur le divan riches de découvertes dans l’exploration de ce que recèle notre Inconscient à la faveur de l’élucidation de nos fantasmes.
Merci pour ce grand oeuvre foisonnant dans de multiples écrits et ces paroles dont l’effet mesuré ne masquait guère la conviction de la visée.
Merci pour ce long parcours à la suite de Jacques LACAN, avec les élaborations qu’exigent les transformations de l’ère présente.
Merci pour cette attitude qui se voulait critique sous l’effet d’une passion non dissimulée.
Merci pour ce combat de toute une vie dont le réalisme n’excluait pas une sympathie sous laquelle perçaient des encouragements à aller de l’avant yeux ouverts
Jean-Pierre Meaux
Je me souviens quant à moi des allers-retours de Charles Melman sur Lille dans les années 90 …Il venait nous parler de la psychose puis de la névrose obsessionnelle ..de façons tellement claire et engagée que j’ai pu m’approprier la psychanalyse et adhérer à l’association Freudienne Internationale ..C’est là que pour moi commença le chemin de la psychanalyse .
Il est resté ce désir engagé dans le travail porté par un sourire accueillant…
Merci monsieur Melman.
Annick Outters
Elie Doumit l’appelait Charlemagne, ce qui n’était pas sans lui conserver sa grandeur, malgré leurs divergences !
Hedwige Vanderhaghen