Jean-Pierre Meaux 02/12/17

 

 

 

 

A propos de : Qu’est-ce qu’une école pour la psychanalyse ?

 

Transmission de pensées

 

 

 

Qu’est-ce qu’une école ?

Qui dit école dit enseignement. Or en matière de psychanalyse, il n’y a de savoir que celui que l’analysant apprend de la découverte de son Inconscient.

Or l’Inconscient, comme a pu me le dire Charles Melman, c’est l’Enfer. Même s’il est pavé de bonnes intentions. C’est-à-dire selon ce que dont il se pare de façon à ce que mieux de nous il s’empare. Alors ce savoir : déréliction ou révélation ?

Ce qui spécifie notre travail, que nous soyons sur le divan ou dans un fauteuil, c’est cette exploration de notre Inconscient, et au premier chef l’exploration de nos identifications. Quelle merveille que ce terme – identification – qui signale à la fois ce qui spécifie un sujet dans son identité et qui indique à quels modèles il se réfère.

À chacune de nos identifications est attachée une part de savoir. L’identification conjoint expérience et savoir. Quand un sujet effectue une plongée dans une cure, il ne va pas décrocher un savoir impersonnel ; il part à la recherche de ce qui est attaché à ses identifications.

L’enseignement comme la cure demande un engagement : être dedans ou dehors ? Pour apprendre faut-il appartenir à un groupe ? Un groupe et non une personne, encore que… A la faveur d’un exposé, que je ne situe plus dans le temps, Elie Doumit nous avait interrogé (et s’était interrogé avec nous) sur la notion de disciple.

Alors apprendre dedans pour exercer dehors ? Apprendre dehors pour exercer dedans ? Nulle part ailleurs que dans la psychanalyse, expérience et savoir ne sont aussi intimement liés : déroulement de la cure et acquisition de ce qui est moteur pour la faire avancer. Allers-retours entre ce dedans et ce dehors, qui sont de l’ordre du nécessaire.

Ce dedans est-il un lieu sécurisant où l’on serait un peu tranquille ? Eh bien non, c’est un lieu de débats et d’affrontements. Car il est question de savoir sur l’Inconscient. Et c’est là où nous menace l’Hybris.

Un savoir c’est ce qu’un analysant vient chercher. Un psychanalyste est bien placé pour s’en aviser… Une école, quelle qu’elle soit, se fonde sur un savoir. Or un savoir est un énoncé.

Et il n’y a pas d’énoncé sans sujet de l’énonciation, hormis dans le discours de la Science. Un énoncé peut être dogmatique, qu’il s’agisse du discours religieux ou du savoir de l’Universitaire. Il peut même se prononcer pour un non-savoir dans la doctrine zen.

À ses interrogations l’analysant rencontre une limite, à savoir ce qui structure son Inconscient. La rencontre entre un analysant et un analyste, voilà un colloque bien singulier. Il y faut ensuite quelques autres pour faire le lien avec ce que ces quelques autres ont connu comme experience.

Mais en toile de fond il y a toujours un connais-toi toi-même pour le sujet en tant que sujet de l’Inconscient. Énonciation à l’écoute de son Inconscient en sachant combien cela lui coûte…

Il y a un mot qui n’a pas été prononcé : c’est celui de transfert. Mais vous avez perçu qu’il est en filigrane dans mon propos. À distance, autant que faire ce peut, d’un transfert idéalisant et de ce que nous impose l’objet a. Là encore aller-retour entre aspiration et audace.

Il y aurait encore beaucoup à dire, par exemple sur ce qu’un enseignement interroge à propos du tandem théorie-pratique, ainsi que sur la valeur de témoignage que ce passage implique…

 

 

 

 

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