Le mercredi 3 Octobre à 20h30, au théâtre « le vent se lève »
Présentation de l’APLP précédée d’un morceau d’une pièce de Théâtre de Jean-Claude Carrière à 20h.
Le 8 novembre à 18 heures, à la Mairie du Ve arrondissement Les neurosciences à l’école, A l’initiative d’Elsa Godard. Avec des enseignants et des parents d’élèves, de même que des représentants de leurs associations. Cela sera – espérons le -l’occasion de construire des relations plus organisées, qui sont en bonne voie.
Le 3 décembre à l’Assemblée nationale
Journée de réflexion sur la psychanalyse.Elle se tiendra dans la salle Victor Hugo. Gérard Pommier y est déjà inscrit sur le thème « A quoi sert la psychanalyse dans la société ». D’autres interventions sont prévues ce jour-là pour d’autres membres de l’A.P.L.P. (à préciser).
Il ne se passe plus de semaines, ou même de jours sans entendre à la radio ou à la télévision des attaques contre la psychanalyse, souvent virulentes. Elle est éliminée des études de psychiatrie, et les jeunes psychiatres formés DSM ne savent plus faire de diagnostics et distribuent indistinctement des médicaments. La psychanalyse est marginalisée dans les universités de psychologie et les lieux de soin. Les psychanalystes eux-mêmes ont-ils participé à ce déclin ? Oui, au moins dans la mesure où, au niveau des prises de positions officielles, ils n’ont pas mesuré les grands bouleversements de notre société, et ils ont souvent pris fait et cause pour un patriarcat en déclin – et cela contre la libération des homosexuels et le féminisme. L’image du papa qui met son bâton dans la gueule du crocodile maternel a fait un tord certain. Ce ne sont pas les papas qui font la loi : elle est un effet de la parole et délimite des fonctions paternelles et maternelles sans rapport avec le sexe anatomique, la procréation assistée, l’adoption etc.
Heureusement, des psychanalystes de terrain ont continué de jouer leur rôle libérateur, et de ce point de vue la psychanalyse est en extension. Il y a sans doute plus de psychanalystes et de psychanalysants aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années. Elle peut renaître et retrouver la place qu’elle mérite dans la Culture. Mais à quelle condition ? Pour la première fois dans l’histoire se pose la question d’une intervention politique de la psychanalyse sur la base de sa propre théorie, de ses propres méthodes interprétatives, et des actes qui en procèdent. Jusqu’aux années 1933, Freud a pris de telles positions avec enthousiasme, en soutenant la création de cliniques gratuites à Berlin, à Vienne, à Moscou – notamment. Cette orientation a été suivie par plusieurs de ses élèves de l’IPA, et en France par les expériences de Laborde, de Bonneuil, des maisons vertes, notamment. Mais ce travail de base suffit-il aujourd’hui ? Ne faut-il pas considéré aussi qu’une action politique « par le haut » s’impose. Cela n’a encore jamais été fait.
Ne devons-nous pas prendre position avec nos propres instruments de pensée et d’action dans la vie politique ? Il ne suffit plus d’être des « indignés virtuels » qui prennent peur dès qu’il faut s’affronter à des responsables sur un terrain concret. Les forces qui sont hostiles à la subjectivité et à la culture ont décidé de longue date de marginaliser la psychanalyse. Ce n’est même pas seulement l’intérêt de quelques lobbies pharmaceutiques, c’est un mal plus profond. Si l’on en croit la Massenpsychologie de Freud, une force obscure anime un pouvoir politique. La psychanalyse est son ennemie car il veut l’obéissance et l’objectivation des citoyens, partout et en tous lieux. Nous voulons le contraire. Aujourd’hui, cela commence par l’école, où les enfants vont être évalués à grande échelle avec des méthodes managériales. Et pour la première fois dans l’histoire cela se fait en dévoyant certains domaines des neurosciences en sens contraire des résultats qu’elles obtiennent. De grands généticiens ont pris récemment position contre une utilisation de la génétique à des fins de ségrégation. Par exemple, Franck Ramus membre du CSEN et bras droit de Stanislas Dehaene, a encore affirmé sans preuves que 50% des dyslexies étaient d’origine génétique. C’est le retour de l’eugénisme, de sinistre mémoire.
Nous psychanalystes, sommes les mieux placés pour montrer que la vie psychique n’est pas objectivée par l’organique, mais qu’au contraire le corps n’est que son résultat plus ou moins symptomatique, selon qu’il est plus ou moins pris dans les problèmes familiaux et la ségrégation sociale. Nous sommes parmi ses libérateurs potentiels. Nous connaissons aussi la nature du pouvoir politique, qui peut d’ailleurs être aussi bien « de droite » que « de gauche », si l’on se souvient des déclarations de B. Hamon pendant la campagne électorale (il s’est déclaré pro DSM, et pro numerus clausus). Y’a-t-il des hommes politiques qui font une psychanalyse ? C’est douteux, car elle dévoilerait leur désir de domination. Ils ne se soignent pas en gouvernant. Même si nous restons « neutres », le pouvoir politique est profondément hostile à la psychanalyse.
L’idée que des explications, des démonstrations intelligentes, ou les résultats positifs certains qu’obtient la psychanalyse, ou encore de simples positions humanistes vont pouvoir convaincre le pouvoir politique est égarante. Il est très positif d’avoir des « rapports » prêt à l’emploi : c’est certain. Mais ils ne seront même pas lus sans une action politique qui gagne l’opinion publique, qui est finalement la maitresse du jeu.
Thomas Bouvatier, Adèle Clément, Olivier Douville, Elsa Godart,
Guilyadi Houchang, Jean-Baptiste Legouis, Patricia Philippot, Gérard Pommier,
Rosangela Ribeiro Dos Santos, Louis Sciara, Philippe Weill, Markos Zafiropoulos.