Hommage à Jean-Marie Bedoret

Hommage à Jean-Marie Bedoret

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Marie Bedoret. Il avait rejoint les rangs de l’Ecole Psychanalytique du Nord, Pas-de-Calais et Somme dès sa création en répondant à l’appel d’ Elie Doumit, son fondateur, en1997.

Associé aux travaux de notre Ecole, notamment par sa participation aux différents groupes du dunkerquois, (nous nous réunissions dans un petit bureau de son service d’alcoologie du Centre Hospitalier pendant la pause déjeuner) il avait rapidement conduit une réflexion sur l’art et la psychanalyse, gageant que cette ouverture vers un  « ailleurs, aidait à penser sa vie et éviter l’échouage ». Et il m’avait sollicité pour participer à ces échanges durant lesquels j’ai appris à partager mon travail.

J’ai rencontré Jean-Marie pour la première fois dès mon arrivée à Dunkerque, en 1992, puisque nous travaillions dans le même service de protection judiciaire de l’enfance en danger. Il avait proposé de contribuer aux réflexions de groupes de « supervision », comme ils étaient appelés alors, groupes d’élaboration des pratiques socio-éducatives auprès des enfants et des adolescents et leur famille en déshérence : il professait volontiers que le travailleur social était le dernier maillon de cette chaîne qui retenait et reliait les individus au social.

Il avait obtenu de son administration hospitalière d’accueillir, fin 1999, les travaux de l’Ecole sur le thème : Œdipe 2000, et au-delà.

En partenariat avec le musée du LAAC de Dunkerque (Lieu d’Art et d’Action Contemporaine) il animera pendant de nombreuses années un atelier d’échanges autour d’œuvres exposées, avec pour projet de considérer « l’originalité des créateurs : les têtes chercheuses de l’homme . »

 En 2002, il interviendra aux journées de l’Ecole, Responsabilité et Inconscient, et à partir de son expérience, il y soulignera que « la responsabilité du psychiatre est sans doute du coté de ces idéaux d’authenticité et de non dépendance comme repères éthiques ».

 En 2012, je lui proposerai de participer à l’élaboration du programme des journées Les enfants ont-ils la parole ? au cours de laquelle il interviendra. Dans sa communication intitulée l’Ecole dans tous ses états il remerciera  le fondateur de l’école pour son projet d’enseignement auquel il adhéra « sans me sentir pris », disait-il, « dans une doxa ghettoïsante. »

Je l’avais de nouveau sollicité récemment, alors qu’il était déjà dans la maladie, pour participer à un groupe de travail initié par nos amis belges sur la sublimation. Il était toujours enthousiaste et a suscité l’intérêt et l’engouement des collègues participant par ses remarques et sa curiosité perpétuelle.

Comme en témoigne son ouvrage l’Abécédaire, L’art à mots couverts (éditions ateliergalerieditions, 2018), il se disait, en citant Nietzsche : « être athée mais fasciné par le sacré », le sacré de la création, depuis le creuset de l’atelier, en admirateur, en art-mateur, précisait-il, du travail d’artiste de ses amis.

Jean-Marie m’avait honoré de son amitié et nous trouvions en lui l’accueil bienveillant d’une fraternité discrète.

Guy Voisin

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